de Nicolas Bigards

Le 30 janvier 2025, Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif, a prononcé son discours de vœux dans un contexte marqué par de vives inquiétudes pour le monde associatif. Dans une allocution engagée, elle a rappelé l’importance de la vie associative et a dénoncé les restrictions budgétaires qui frappent durement les associations.
Un pilier social en danger
Dès l’ouverture de son discours, Claire Thoury a souligné le rôle fondamental des associations dans la société : « La vie associative est au cœur de notre contrat social. Elle le fonde même. » Elle a insisté sur leur contribution essentielle à la lutte contre l’isolement, la précarité et les inégalités, tout en rappelant leur rôle dans l’accès à la culture, au sport et aux loisirs.
Mais cette dynamique est aujourd’hui menacée. « Il est très difficile aujourd’hui d’être responsable ou militant associatif. On a souvent l’impression de faire avec presque rien, d’alerter sans être entendu ou écouté, de remplir un puits sans fond. » Une situation aggravée par des coupes budgétaires drastiques, qui mettent en péril des actions essentielles, comme l’illustre l’exemple du Secours populaire du Val-de-Marne, ayant perdu les trois-quarts de sa subvention.
Une question sociale et politique
Si la question est sociale, elle est aussi profondément politique, a affirmé Claire Thoury. Citant de récents événements internationaux et nationaux, elle a alerté sur une remise en cause des valeurs de solidarité et de démocratie. « C’est tout un modèle de société qui est en train d’être attaqué. »
Face à cette réalité, elle appelle les associations à s’émanciper des pouvoirs publics et à revendiquer leur autonomie : « Trop souvent, nous pensons notre légitimité par rapport à ce que le politique nous concède ou nous reconnaît. Il est grand temps d’amorcer un changement profond. » Une nécessité qui passe, selon elle, par une refonte du modèle de financement du monde associatif.
Un nouveau modèle de financement
Claire Thoury a annoncé que le Mouvement associatif, en collaboration avec le CESE et d’autres acteurs, travaille à une réforme des financements. Parmi les mesures envisagées, il s’agit notamment de sécuriser la subvention comme mode principal de financement des associations, de créer un fonds national de mobilisation pour la vie associative, afin d’assurer une meilleure stabilité économique et d’explorer de nouveaux outils de redistribution de l’argent public pour éviter une dépendance excessive aux aléas politiques.
« Nous devons trouver un modèle qui nous permette un financement qui ne dépende pas uniquement de la volonté du politique. » Cette réflexion s’inscrit dans la lignée des recommandations du CESE, qui alertait déjà sur l’urgence de stabiliser les ressources du secteur associatif.
Un appel à la mobilisation
Malgré ces défis, Claire Thoury refuse le fatalisme et appelle à une mobilisation collective : « Nous entrons dans un temps de combat, un temps de résistance. » Elle exhorte les associations à revendiquer leur rôle politique et à défendre les valeurs de solidarité, d’égalité et de justice sociale.
Elle conclut son discours en adressant un message d’espoir : « Ce que nous faisons est très important et peut complètement changer la donne. » Pour elle, 2025 doit être une année de détermination, d’engagement et d’innovation pour assurer l’avenir du monde associatif. Le message est clair : sans un sursaut, le modèle associatif risque de s’effriter. Mais avec une mobilisation forte, il peut au contraire se renforcer et continuer à jouer son rôle essentiel dans la société française.
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