ESJ Paris : une éviction brutale, et un virage assumé ?

Lors du rachat de l’ESJ Paris, la nouvelle direction avait promis de maintenir le projet pédagogique. L’éviction brutale d’Elhame Medjahed, directrice pédagogique, semble aujourd’hui donner raison aux inquiétudes exprimées dès les premières annonces.

ESJ Paris

de Nicolas Bigards

Quelques mois après le rachat de l’École supérieure de journalisme de Paris (ESJ Paris), la scène a choqué enseignant.e.s et étudiant.e.s. Le 14 mai, à 10h, Elhame Medjahed, directrice pédagogique, a été sommée, selon les témoins, de quitter son poste de travail le jour même de son retour de congés maladie. Un étudiant, qui devait suivre un cours avec elle ce jour-là, rapporte l’avoir croisée en larmes, visiblement sous le choc. « Elle nous a expliqué qu’elle ne pouvait pas assurer le cours, qu’il était annulé. C’était incompréhensible, brutal », confie-t-il.

Cette éviction soudaine vient raviver les craintes exprimées depuis plusieurs mois au sein de l’établissement. Pourtant, lors du changement de gouvernance, les nouveaux dirigeants avaient assuré vouloir maintenir le projet pédagogique en cours, et continuer à travailler avec Elhame Medjahed. Mais son départ semble confirmer les inquiétudes de certains étudiants et professeurs, qui redoutaient une remise en cause profonde des orientations de l’école.

Un projet pédagogique contesté ?

Depuis son arrivée, Elhame Medjahed avait œuvré pour relancer une école en perte de vitesse, renforçant le programme pédagogique et stabilisant le corps professoral. Elle avait également permis à l'école de récupérer son titre RNCP, gage de qualité et de sérieux d’une formation, auprès du ministère du Travail.

Enseignant·es et élèves saluent son action, au point qu'une pétition circule depuis quelques jours pour dénoncer son renvoi et appeler à plus de transparence sur les orientations prises par la direction. Les signataires y expriment leur soutien à Elhame Medjahed et leur inquiétude quant à l’avenir pédagogique de l’école.

Certain.e.s s’inquiètent aussi de la liste de personnalités annoncées pour intervenir prochainement à l’école : Pascal Praud, Michel Onfray ou encore Sonia Mabrouk. « C’est très marqué politiquement » nous confie une étudiante, visiblement inquiète de l’orientation prise par l’école.

Si, à date, aucune communication officielle n’a été faite au sujet du départ de la directrice pédagogique, certains y voient le signal d’un changement de cap plus brutal que prévu. Jointe par Le Moment, Elhame Medjahed n’a pas donné suite à nos sollicitations. Le Moment n’a pas pu joindre la direction de l’ESJ Paris pour recueillir sa version des faits.

Dans un contexte où les formations en journalisme sont sous pression, entre exigences commerciales et crise de confiance dans les médias, ce type de décision interroge. Du côté des étudiant·es et des enseignant·es, plusieurs voix s’élèvent pour demander des clarifications. Et pour s’interroger : quel projet d’école se dessine désormais ?