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Opération Milliard : Le Grand Recueil alerte sur la précarité financière des acteurs de la transition juste.

Photo du rédacteur: Nicolas BigardsNicolas Bigards

Dernière mise à jour : 26 févr.

de Nicolas Bigards





Opération Milliard


Le Grand Recueil est une étude approfondie menée par l’opération Milliard, qui vise à mobiliser un milliard d'euros pour financer les organisations engagées dans la transition juste. L'objectif principal de ce rapport est de quantifier les besoins financiers de ces organisations et d'identifier les freins qui limitent leur accès aux financements.


L'enquête repose sur les réponses de 510 organisations, principalement issues de l'économie sociale et solidaire (ESS). Parmi elles, 60 % sont des associations, 24 % des coopératives et 11 % des entreprises commerciales. Une caractéristique marquante de ces structures est leur gouvernance démocratique, puisque 87 % d'entre elles fonctionnent sur le principe "une personne = une voix". De plus, 72 % de ces organisations ont recours à des formes d’innovation sociale pour mener à bien leurs projets. Malgré leur engagement et leur utilité sociétale, elles rencontrent de sérieuses difficultés financières. Ainsi, 75 % jugent que leur niveau de fonds propres est insuffisant, et 32 % considèrent leur trésorerie comme préoccupante.


Des besoins de financement colossaux


L’étude met en évidence des besoins financiers particulièrement élevés. La somme totale des besoins à court et moyen termes des organisations interrogées s’élève à 1,4 milliard d’euros. Ces besoins se répartissent entre l’investissement et le fonctionnement. Les SCIC, les foncières et les entreprises commerciales sont les structures affichant les besoins en investissement les plus importants. En parallèle, les associations, quant à elles, expriment une demande particulièrement forte pour financer leur fonctionnement, en particulier les salaires. Beaucoup d’organisations cherchent des financements pour consolider leur activité, se stabiliser ou changer d’échelle, ce qui démontre l’importance d’un accompagnement financier durable pour ces structures.


Les principaux freins au financement


Les résultats de l’enquête mettent en lumière plusieurs obstacles majeurs à l’accès aux financements. L’un des premiers freins identifiés concerne l’inadéquation entre les attentes des financeurs et les réalités des organisations engagées dans la transition juste. En effet, les critères d’investissement imposés sont souvent difficilement atteignables, en raison d’exigences en termes de garanties ou de rentabilité qui ne correspondent pas aux modèles économiques de ces organisations.


Un autre frein important concerne la baisse des subventions publiques et l’orientation des financements vers des projets ponctuels plutôt que vers le soutien au fonctionnement global des structures. Or, ce dernier aspect est crucial pour assurer la pérennité et le développement de ces organisations. Par ailleurs, la complexité et la lourdeur administrative des demandes de financement sont un autre obstacle significatif. Elles mobilisent des ressources importantes qui pourraient être consacrées aux missions principales des organisations.


L’étude met également en évidence un manque flagrant de financements fléchés vers l’innovation sociale, au profit de l’innovation technologique. Ce déséquilibre limite le potentiel de transformation porté par ces organisations. Enfin, les petites structures, souvent les plus vulnérables, peinent particulièrement à obtenir des financements adaptés à leurs besoins.


Un appel à repenser le financement des organisations de la transition juste


Face à ces constats, le Grand Recueil souligne l’urgence de développer de nouveaux outils financiers mieux adaptés aux réalités des organisations de la transition juste. Il préconise notamment la mise en place de fonds pluriannuels permettant de stabiliser ces structures sur le long terme. Une simplification des procédures d’accès aux financements est également nécessaire, notamment pour les petites organisations qui n’ont pas les ressources pour gérer des démarches complexes et chronophages.


Le rapport insiste également sur la nécessité de mieux reconnaître les entreprises à lucrativité limitée et de favoriser des financements spécifiquement dédiés à l’innovation sociale. Enfin, il appelle à un rééquilibrage entre financements publics et privés afin d’accompagner ces organisations dans la durée.


Le paradoxe mis en évidence par ce rapport est frappant : les organisations les plus engagées dans la transition juste sont souvent les plus fragiles financièrement, ce qui limite leur impact potentiel. L’opération Milliard vise ainsi à inverser cette dynamique en favorisant des modes de financement plus inclusifs et adaptés.




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