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Opération Milliard : une enquête inédite sur les aspirations des épargnants

Photo du rédacteur: Nicolas BigardsNicolas Bigards

Dernière mise à jour : 12 févr.

de Nicolas Bigards





Opération Milliard


L’Opération Milliard poursuit son ambition de réorienter l’épargne des citoyens vers le financement de la transition écologique et sociale. Lors d’une masterclass récente, les résultats d’une enquête inédite sur les aspirations des épargnants ont été présentés. La collecte des réponses a été effectuée entre septembre et novembre 2024, via les réseaux sociaux et partenaires de l’Opération Milliard. L’enquête met en lumière des attentes fortes en matière de transparence, de gouvernance et de sécurité des placements. Étaient présents à cette restitution notamment Bastien Sibille, Damien Tardieu et Patrick Sapy.


Une épargne sous-exploitée pour la transition écologique


« L’épargne privée en France est un gisement de capitaux considérable et encore trop peu mobilisé pour financer la transition juste », souligne Bastien Sibille, président de l’Opération Milliard, en ouverture de la restitution. L’étude révèle que 64 % des répondants ont déjà cherché à rendre leur épargne plus durable, mais de nombreux freins persistent.


Parmi eux, la difficulté à identifier des placements alignés avec les valeurs écologiques et sociales est un obstacle majeur. « 65 % des épargnants déclarent que leur banque ne leur propose pas d’options durables claires », indique Damien Tardieu, copilote du groupe épargnants et financeurs.


Gouvernance et transparence : des attentes fortes


Si la rentabilité reste un critère important, elle n’est pas prioritaire pour tous. L’étude met en évidence une forte demande de transparence et de contrôle citoyen sur l’affectation des fonds. « 80 % des répondants souhaitent une gouvernance démocratique des projets financés », précise Damien Tardieu. Ce besoin de maîtrise sur les investissements traduit un engagement grandissant des citoyens pour une finance responsable.


Patrick Sapy, directeur général de FAIR, structure référente de la finance à impact en France, renchérit : « L’épargnant d’aujourd’hui ne veut plus seulement un rendement financier, il veut que son argent serve une cause. » Il souligne également que la gouvernance des fonds devait être participative et inclure des épargnants eux-mêmes : « La finance solidaire ne peut fonctionner que si elle donne une voix aux citoyens qui y contribuent. »


Un enjeu central concerne l'accès à l'information. De nombreux épargnants se sentent démunis face à l'opacité des circuits financiers traditionnels. L'Opération Milliard propose ainsi des mécanismes de transparence, incluant des rapports réguliers sur l'utilisation des fonds et des critères de sélection clairement définis. «Les citoyens veulent s'assurer que leur argent finance des projets en accord avec leurs valeurs, sans risque de dévoiement vers des secteurs non éthiques », ajoute Damien Tardieu.


Quels leviers pour massifier l’épargne solidaire ?


Au-delà des volontés affichées, comment transformer l’essai ? Patrick Sapy rappelle que « la finance solidaire représente encore moins de 0,5 % de l’épargne totale des Français, soit environ 30 milliards d’euros sur un total de 6 000 milliards ».


Pour lever ces freins, l’Opération Milliard mise sur plusieurs pistes : une meilleure visibilité des placements responsables, des garanties sur les rendements et la sécurité du capital, et des incitations fiscales accrues. Elle s'appuie aussi sur des labels comme Finansol pour garantir la fiabilité des investissements.


Un enjeu démocratique et écologique


Derrière ces questions financières se joue une réflexion plus large sur l’impact des choix économiques. « L’accès au capital doit évoluer pour répondre aux impératifs de la transition écologique et sociale », affirme Bastien Sibille.


Il rappelle également que la crise écologique est inséparable de la crise démocratique et sociale actuelle. « Le risque pour l’économie aujourd’hui ne se limite plus à des fluctuations financières. Il est avant tout climatique et politique. Les dernières élections, en France comme ailleurs, montrent une profonde remise en cause des institutions et une fragilisation de nos démocraties. Il est urgent de repenser la manière dont nous allouons nos ressources pour garantir un avenir plus stable et juste », insiste-t-il.


L’enjeu est donc double : démocratiser l’accès à l’épargne durable et structurer une finance alignée avec les besoins des territoires et des acteurs de terrain.

En somme, si l'épargne citoyenne constitue un levier puissant pour financer la transition juste, son potentiel reste largement sous-exploité. L'enjeu des prochaines années sera de lever les freins qui pèsent encore sur cette mobilisation, et d'inscrire ces dynamiques dans une économie durable et solidaire.

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