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Photo du rédacteurChloé Denis

“Palestine, les effacés” : redécouvrir son histoire familiale

Le 7 mars dernier, la salle de cinéma Studio Galande Beruchet proposait de découvrir le court-métrage Palestine, les effacés de Sophia Abyad Darliguie. Des témoignages poignants de la part des proches de la réalisatrice, sur l’éxode palestinien de 1948.


Reportage réalisé par Chloé Denis.


Quelques minutes avant la projection de Palestine, les effacés. Chloé Denis


Début de soirée. La devanture de la salle de cinéma se remplit peu à peu de proches, amis et famille de la réalisatrice. Ils tiennent pour la plupart des bouquets de fleurs aux couleurs pastels garnis de roses, camélias et céraistes cotonneux, en guise d’encouragement. Ce monde se dirige finalement vers la salle de projection, dont l’affiche du film trône à l’entrée. C'est un portrait des arrière-arrière-grands parents de la jeune réalisatrice. Sophia Abyad Darliguie rentre timidement dans la salle obscure pour prendre la parole. Il s’agit de son premier court métrage projeté dans un cinéma. Son film dure une vingtaine de minutes, et raconte l’histoire de sa famille, touchée par la situation israëlo-palestinienne, qui se retrouve contrainte de fuir au Liban : “Réaliser ce film m’a permis d’avoir des exemples de vies sur des terres que je n’ai jamais connues et dont je ne maîtrise que très peu la langue” explique la réalisatrice à l'issue de la projection. 


Récit d’un exode au liban 


Palestine, les effacés explore les répercussions de la guerre au sein de familles palestiniennes. Ses tantes, son oncle, sa mère et sa grand-mère sont porteurs de l’héritage de la Nakba (“catastrophe” en arabe), qui désigne le déplacement forcé de 700000 Palestiniens à la création de l’Etat d'Israël en 1948. Un épisode marquant de l’histoire, qui bouleverse la vie de centaines de milliers de personnes, expédiées dans des camps de misères au Liban, en Syrie, en Jordanie, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. C’était il y a 75 ans. “Ma grand-mère dit souvent qu’elle a vécu trois vies : celle dans sa terre natale, puis au Liban, où l’intégration n’a pas été facile, et enfin celle en France” raconte Sophia. Ainsi, le documentaire est divisé en neuf parties : Installer la peur, l’exode palestinien, l’occupation, l’espoir d’un retour, la paix dans le monde, ceux qui restent, la vie après, être palestinien et le déracinement. Un chapitrage nécessaire pour ne pas occulter des événements clés de ces douloureux moments. 


Affiche du court-métrage Palestine, les effacés.


Ce court-métrage aborde sans détour le traumatisme intergénérationnel et les séquelles encore présentes : car pour la réalisatrice, c’est un sujet qui reste tabou. La peur de se remémorer des souvenirs enfouis, de revenir à une période de déracinement. La réalisatrice explique :  “Il y a des anecdotes que je n’ai jamais entendues : forcément ça m’a fait un truc. Mais ça n’est pas pareil dans toutes les familles... dans la mienne, nous n’en avons pas parlé pendant des années.” 


"Aujourd’hui, on va sur Twitter, et on trouve des gens qui disent qu’il n’y a jamais eu de palestiniens ni de nation palestinienne, alors que des gens ont pris nos maisons... J’ai encore les titres de propriété des maisons de deux de mes grands-parents.", témoigne Sophia Abyad Darliguie, la réalisatrice. 

Retrouver une identité palestinienne 


C'est le décès de son grand-père qui l’a motivée à en savoir plus sur ses origines. Elle se rend compte, en réalisant son film, que ses cousins ignoraient leurs origines palestiniennes. Les conditions de vie à Gaza ont également été le moteur de ce projet. Depuis la Nakba, et l’attaque du 7 octobre dernier par le Hamas contre Israël, une majorité d’entre eux se retrouvent expulsés de leur terre. La situation n’a donc pas évolué depuis les massacres de 1948. Palestine, les effacés n’est donc pas totalement un film historique mais un ensemble de témoignages : “Je suis là pour donner une parole à un récit personnel. C’est l’histoire de plusieurs ressentis sur la guerre” ajoute Sophia. Sa démarche n’est pas de placer le contexte historique au-dessus de la vie des membres de sa famille qui ont traversé la frontière Libanaise. C'est de ne pas laisser s’effacer la mémoire, réunie autour d’un héritage culturel, qui passe par la langue palestinienne et libanaise, ainsi que par la transmission de l’histoire “puisqu’il y avait une nation palestinienne” termine Sophia ; qui compte réaliser d’autres films pour creuser encore dans son histoire familiale. 


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