Le Moment

C’est une avancée majeure pour la reconnaissance de l’expression populaire issue du mouvement des "gilets jaunes". Le mardi 11 mars, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité une résolution transpartisane portée par la députée écologiste Marie Pochon. Ce texte appelle l’État à finaliser et financer la numérisation des cahiers de doléances rédigés en 2019 et à garantir leur anonymisation afin de les rendre accessibles en ligne.
Une unanimité politique inédite
De La France insoumise au Rassemblement national, en passant par les députés macronistes, tous les groupes politiques ont soutenu la résolution. Le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola, a affirmé que le gouvernement allait engager un travail technique pour garantir l’anonymisation des contributions à l’aide de l’intelligence artificielle. Il a également promis une dérogation à la "règle des 50 ans" pour permettre aux chercheurs et aux citoyens d’accéder librement aux cahiers numérisés conservés par le Service interministériel des Archives nationales.
Marie Pochon a salué cette avancée, tout en appelant à la vigilance : "Les députés resteront mobilisés jusqu’à la pleine application de cette résolution."
Un engagement citoyen et féminin déterminant
Pour de nombreuses personnes engagées dans la conservation et l’étude de ces doléances, cette décision marque une reconnaissance du travail acharné mené depuis plusieurs années. Hélène Desplanques, réalisatrice du documentaire Les Doléances, lors d’un discours en soutien à cette résolution, a tenu à rendre hommage à l’engagement des femmes dans ce combat :
"J’ai envie de saluer la constance, et particulièrement la constance des femmes. D’abord, évidemment, Marie Pochon et son équipe, qui n’ont rien lâché depuis un an et demi et ont permis aujourd’hui à ce texte législatif d’être mis au vote. Mais aussi ces chercheuses, ces archivistes et ces citoyennes bénévoles qui, dans l’ombre, ont travaillé à retranscrire ces doléances. Elles ont vu dans ces écrits la puissance d’un peuple qui parle."
Dans la Creuse, seules des femmes se sont portées volontaires pour transcrire ces documents. À Rodez, c’est encore une femme, Éléonore Echenne, qui a structuré l’un des premiers collectifs citoyens pour rassembler les forces autour de cette archive démocratique.
Le rôle clé de Fabrice Dallongeville
Impossible de parler de ce combat sans mentionner aussi l’engagement aussi de Fabrice Dallongeville, maire d’Auger-St-Vincent. Il a joué un rôle fondamental dans la préservation et la mise en lumière des doléances de 2019. Son travail rigoureux de recensement et d’analyse des contributions a permis de démontrer l’importance historique et sociale de ces écrits. Il a également œuvré pour fédérer les énergies et sensibiliser les acteurs politiques à la nécessité d’une publicisation de ces documents, contribuant ainsi à faire émerger cette résolution à l’Assemblée nationale.
Les cahiers de doléances: Une mémoire à préserver
Les cahiers de doléances de 2019 constituent une ressource inédite pour comprendre les aspirations et les colères d’une époque marquée par une crise sociale profonde. Leur mise à disposition publique permettra d’analyser la diversité des revendications et de donner une visibilité à des voix longtemps restées dans l’ombre.
Désormais, l’enjeu est de garantir que les promesses gouvernementales se traduisent en actions concrètes, pour que cette mémoire collective ne soit ni oubliée ni instrumentalisée. Pour celles et ceux qui se battent depuis des années pour leur publicisation, ce vote représente une victoire – mais aussi un point de départ vers une reconnaissance pleine et entière de ces doléances citoyennes.
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