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Photo du rédacteurBenjamin Mathieu

Autoroute A69, un projet d'un autre temps ?

Une tentative de médiation a échoué entre les pouvoirs publics et les opposants à ce projet autoroutier situé entre Toulouse et Castres. La situation est dans l'impasse alors qu'une grande manifestation est prévue les 21 et 22 octobre pour s'opposer à ce projet, devenu un emblème national pour nombre de militants écologistes.


Article de Benjamin Mathieu

Le projet "Une autre voie" sans autoroute A69 entre Toulouse et Castres


Thomas Brail est un grimpeur-arboriste, qui s’était installé, avec sa tente dans un arbre juste devant le ministère de la Transition écologique, pour médiatiser ce projet d'A69. Il y a une dizaine de jours, il en a été délogé, mais il continue son combat contre cette future autoroute qui doit relier Toulouse à Castres, ainsi que sa grève de la faim, débutée il y a plus d’un mois. Deux modes d'actions très médiatisés, qui ont permis à ce projet occitan de devenir un enjeu national. Pour le ministre des Transports Clément Beaune et pour certains élus locaux, comme Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie, il s'agit d'un projet structurant, permettant développement économique et désenclavement des populations qui habitent sur cet axe, actuellement desservi par une nationale. Les opposants au projet évoquent, eux, une route sous-utilisée et un projet écocide. Ils sont soutenus dans leur combat par 1500 scientifiques, dont plusieurs auteurs du GIEC (notamment Christophe Cassou et Valérie Masson-Delmotte) qui ont publié une tribune en ce sens. "Ni l’intensité du trafic, ni les gains de temps envisagés sur le trajet Toulouse-Castres ne justifient la construction d’une autoroute, expliquent-ils avant d'interpeller directement le chef de l'Etat. En arrêtant un projet aussi délétère et injustifiable que celui de l’A69, vous démontrerez que vous avez, vous aussi, entendu les alertes des scientifiques, et pris la mesure des transformations profondes qu’il nous faut apporter aux manières de conduire l’aménagement du territoire."


Mais pour l'heure, la tentative de médiation le 4 octobre dernier entre opposants, pouvoirs publics et élus locaux n'a rien donné. Dans un communiqué, Carole Delga a fait plusieurs propositions pour diminuer l'impact environnemental du projet. L'élue socialiste évoque un soutien dans la mise en place de groupes de travail associant les deux collectifs d’opposants, des compensations environnementales, des efforts sur le prix du péage et la création d'un service express d’autocars sur l’A69, à bas prix et zéro émission, grâce aux cars à hydrogène en cours de fabrication à Albi. Le réseau ferroviaire, précise Carole Delga, ne peut plus accueillir de trains supplémentaires aux heures de pointe. Des propositions considérées comme "inacceptables" par le collectif La voie est libre et le Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) dont fait parti Thomas Brail, dans une communiqué publié le 5 octobre. "Cette proposition ne répondant pas aux demandes de suspension de travaux, préalable à une véritable médiation, les grévistes de la faim ont décidé de poursuivre leur action" détaille le communiqué publié sur X (ex Twitter).


"L'urgence de la situation des grévistes de la faim commence un peu à pourrir le débat" commente Amine Messal, qui était présent à la réunion du 4 octobre, pour le collectif Une autre voie. "Moi, j'ai dit que la mort de Remy Fraisse lors des manifestations contre le barrage de Sivens a été une défaite collective, autant pour les opposants que pour l'État. On n'a pas envie de revivre ça. C'est pour cela qu'on demande une médiation", poursuit-il.


"Ceux qui défendent ce projet ont probablement été convaincus par les discours sur le désenclavement, de bonne foi. Sauf que ce genre d'autoroute et les arguments économiques qui vont avec ne tiennent plus la route. C'est un projet anachronique, écocidaire, inutile et anti-social. Le cout de son usage sera de 17 euros" complète Anne Stambach-Terrenoir, députée LFI de la Haute Garonne.


Scientifiques et opposants parlent d'un projet d'un autre temps. Il questionne en tout cas les aménagements du territoire dans une trajectoire de réchauffement climatique. Sortir de la logique du "tout voiture" s'avère particulièrement complexe dans un pays où la "bagnole", pour reprendre les mots d'Emmanuel Macron, prend une place considérable dans nos déplacements. Pour Charlotte Nenner, conseillère EELV à la région Ile-de-France, "la France est championne du monde des routes, en termes de kilométrage. On a organisé la dépendance à la voiture en créant des infrastructures, ça a généré de l'étalement urbain. On commence enfin, dans le débat public, à évoquer cette dépendance et à parler du fait que la voiture n'est plus une liberté mais une dépendance qui a un impact social et environnemental. En parler, c'est déjà chercher d'autres solutions. L'une d'elle, c'est que les gens vivent près de leur travail. Au lieu de baisser la vitesse, on doit d'abord baisser les distances."


En absence de suspension des travaux, une grande mobilisation est annoncée par les opposants à l'A69 les 21 et 22 octobre prochain.


Pour réécouter l'émission "C'est le moment", consacrée à ce projet, c'est par ici.



Une émission avec Anne Stambach-Terrenoir, députée LFI de la Haute Garonne, membre de la Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, Charlotte Nenner, conseillère EELV à la région Ile-de-France, membre de la commission transports et mobilité et Amine Messal, étudiant toulousain, représentant de “Une autre voie” qui a proposé la semaine dernière à l’Assemblée un projet alternatif à l’A69.


"C'est le moment" est une émission de radio de lemoment.org, diffusée tous les mercredis soir de 18:00 à 19:00 en direct sur les radio Aligre FM et Radio Campus Paris et rediffusée le samedi et le dimanche à 9:00 sur Vivre FM. L'émission est également disponible à la réécoute sur de nombreuses plateformes de podcasts.



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