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10 propositions pour sauver l’océan : la jeunesse interpelle le monde à Nice

À quelques jours des Accords de Nice, les jeunes réunis à l'initiative des Petits Débrouillards expriment une ambition claire : transformer radicalement la gestion de l’océan. Informés par les scientifiques, motivés par l’urgence climatique et animés par la volonté d’agir, ils proposent dix mesures concrètes pour une véritable révolution écologique et sociale en milieu marin.


Dix mesures concrètes pour l'Océan
Dix mesures concrètes pour l'Océan




de Nicolas Bigards


1. Exploiter sans détruire, surveiller sans faillir, protéger pour demain


Face à l’épuisement des ressources marines, les jeunes plaident pour une exploitation raisonnée des richesses naturelles, conciliant les besoins présents et les droits des générations futures. Comme ils le soulignent : « Une vigilance constante et une surveillance rigoureuse des écosystèmes sont nécessaires. Mais au-delà du simple constat, il s’agit aussi d’agir. »


Cela implique la mise en place de mesures de protection concrètes, durables et adaptées aux réalités locales. Préserver la biodiversité, restaurer les milieux abîmés, encourager les pratiques durables : autant de leviers indispensables pour bâtir un avenir harmonieux entre les sociétés humaines et l’océan.


2. Un mouton de mer, ça vous parle ? À nos femmes et nos hommes politiques, non plus.


« Trop de décisions liées à l’océan sont prises sans tenir compte du contexte local ni des savoirs scientifiques », alertent les jeunes. Ils réclament une formation solide des élu·es sur les enjeux océaniques, sociaux et environnementaux. Informer et sensibiliser les décideurs publics, c’est permettre des choix ancrés dans le réel et éclairés par les données. Leur mot d’ordre : « L’océan mérite mieux que l’ignorance. »


3. Peut-on organiser un océan sans fonds ? Créons un fonds bleu international.


Réchauffement, acidification, pollution plastique, surpêche, destruction des habitats, montée du niveau des mers, chute de la biodiversité… Face à cette accumulation de menaces, les jeunes proposent la création d’un fonds bleu international pour l’océan. Il s’agirait d’un mécanisme financier global destiné à soutenir la conservation et l’exploitation durable des écosystèmes marins. Ce fonds doit devenir un levier de transformation, capable de financer des projets à fort impact environnemental et social, en lien avec les Objectifs de développement durable (ODD14).


Il devrait impliquer une diversité d’acteurs, de l’échelle locale à l’échelle internationale, et privilégier les besoins exprimés par les territoires les plus vulnérables, notamment les pays côtiers et insulaires. Pour être véritablement démocratique, il reposerait sur des mécanismes de décision horizontaux et sur des critères de justice environnementale.


4. Une pollution invisible mais nuisible. On a le droit de savoir.


La pollution chimique, notamment liée aux métaux traces, est omniprésente dans les milieux aquatiques. Si elle reste souvent invisible, ses effets n’en sont pas moins destructeurs : elle menace la biodiversité marine et la santé humaine. Les jeunes engagés dénoncent le manque de transparence sur l’impact de ces substances présentes dans de nombreux produits du quotidien. « N’êtes-vous pas révoltés de la non-transparence de l’impact de ces produits ? » interrogent-ils. Ils appellent à un encadrement renforcé, à une meilleure information du public, et à une régulation claire de ces pollutions invisibilisées.


5. Pour une pêche à faible impact. Des engins sélectifs, non destructifs.


Pour préserver durablement les écosystèmes marins, les jeunes proposent de promouvoir une pêche à faible impact écologique, combinant savoir-faire traditionnels et innovations techniques. L’enjeu est de favoriser les engins de pêche sélectifs afin d’éviter les captures accidentelles et de limiter les dommages causés aux habitats marins.


Cette approche vise une gestion plus fine et responsable des ressources halieutiques, respectueuse des équilibres naturels. Préserver la mer, c’est aussi transformer en profondeur nos pratiques de prélèvement.


6. Éclairons les décisions. Unifions la science.


Les jeunes appellent à la création d’un organisme intergouvernemental dédié à l’océan, à l’image du GIEC pour le climat, afin d’unifier les savoirs issus de la recherche scientifique sur les océans, la biodiversité et le climat. Cet organisme aurait pour mission de rendre visibles les résultats des recherches pluridisciplinaires sur les services écosystémiques marins et de les mettre en commun.


L’objectif : permettre aux États et à la société civile de prendre des décisions éclairées, guidées par des données solides et partagées. Informer, structurer, accompagner la transition écologique grâce à la science : un préalable nécessaire à toute action efficace.


7. Du papier au concret. Pour en finir avec les Aires Marines de Papier.


Les jeunes dénoncent la multiplication d’Aires Marines Protégées (AMP) dites “de papier”, c’est-à-dire reconnues sur le plan administratif mais dépourvues d’effets concrets sur la protection des écosystèmes. Ils appellent à renforcer les missions de l’UNESCO pour définir des critères écologiques internationaux communs que toute AMP devrait respecter.


Selon eux, une aire marine protégée ne mérite ce nom que si elle exclut les pratiques extractives destructrices, limite les nuisances sonores et le trafic maritime, prévoit un plan de lutte contre la pollution, et dispose d’un périmètre clairement défini. Bref, sortir de l’affichage pour bâtir une réelle efficacité écologique.


8. Écoutez-nous ! Des savoirs et des pratiques ancestraux.


Les communautés côtières sont en première ligne face aux bouleversements écologiques. Pourtant, leur résilience, façonnée par des siècles d’adaptation au milieu marin, est aujourd’hui menacée… et souvent ignorée. Les jeunes dénoncent un fonctionnement encore trop vertical dans les politiques d’adaptation, et appellent à reconnaître pleinement les savoir-faire traditionnels comme des ressources précieuses.


Ils invitent les institutions à abandonner une approche descendante pour construire des stratégies ancrées dans les réalités locales : « Ce fonctionnement doit tendre vers une pensée plus enracinée dans les réalités locales. »


9. Chaque maillon renforce la chaîne.


Pour une gestion durable des ressources marines, les jeunes préconisent d'établir les quotas de pêche selon des modèles scientifiques prenant en compte les interactions entre espèces. Cette approche permettrait de limiter les impacts de la pêche sur l’écosystème à long terme. Ils mettent également en avant l’aquaculture multitrophique intégrée : une méthode qui consiste à élever conjointement plusieurs espèces situées à différents niveaux de la chaîne alimentaire, afin de réduire l’empreinte écologique des élevages marins. Parce que renforcer chaque maillon, c’est protéger l’équilibre de tout l’océan.


10. Et si défendre l’océan n’était pas un crime ?

Le droit international de la mer existe, mais il reste largement inappliqué, faute d’autorité forte en haute mer. Les jeunes dénoncent ce vide juridique, souvent comblé par l’engagement des ONG, devenues malgré elles les gardiennes des océans. Leur courage supplée l’inaction des États.

Et si ces ONG étaient enfin reconnues comme des partenaires légitimes, intégrées aux mécanismes officiels de gouvernance pour faire respecter les règles internationales ? Ce serait un pas décisif pour éviter que l’océan ne devienne une zone de non-droit. Défendre la mer ne devrait jamais être un acte solitaire ou réprimé, mais un pilier du droit commun mondial.


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