L’Académie du Climat face au backlash écologique

Au cœur de Paris, l’Académie du Climat cultive une écologie populaire, joyeuse et engagée. Née d’un appel à l’urgence, elle est aujourd’hui un lieu foisonnant d’ateliers, de débats et d’expérimentations collectives. À l’occasion de l’événement Week-End des Possibles, initié par le Nouvel Obs, et auquel Le Moment est associé, nous avons rencontré sa directrice, Sarah Alby, pour parler engagement, jeunesse, et résistances aux reculs écologiques et démocratiques.

Débattre, apprendre, fabriquer ensemble : l’Académie du Climat en action.

ESJ Paris

de Isaure Do Nascimento (ESJ Paris) et Thea de Turckheim (ESJ Paris)

C'est tout juste en 2021 que la Ville de Paris, faisant face à la déclaration d’urgence climatique de 2019, a décidé d'inaugurer l’Académie du Climat, située en plein cœur du 4e arrondissement. Pour en apprendre plus, nous avons eu la chance de nous entretenir avec Sarah Alby, directrice de l’Académie du Climat depuis sa création. “L’Académie du Climat se définit de différentes façons : nous sommes une sorte de plateforme pédagogique qui propose plein de formats différents, plein de manières d’agir différentes pour s’engager dans la transition écologique”, explique-t-elle.

Ce sont plus d’une vingtaine d’associations qui ont contribué à la création de ce lieu, toutes réunies dans le groupe Jeunes pour le Climat. Elle souhaite ainsi offrir un espace de formation, de rencontre, de soutien et d’action, en somme, un véritable laboratoire collaboratif.

Une Académie qui s’engage pour toutes et tous…

L’Académie est un lieu gratuit, accessible sans inscription, où les jeunes de 9 à 25 ans peuvent venir apprendre, débattre, créer, s’engager. On y trouve des ateliers pratiques (autour du textile, de l’alimentation, du bâtiment bas carbone...), des rencontres avec des scientifiques, des expositions, des projections, des résidences artistiques, le tout dans une logique de co-construction : les jeunes ne sont pas de simples participants, mais des co-auteurs du projet, “c’est s’assurer que chacune et chacun, de là où il est, puisse avoir tout ce dont il a besoin pour pouvoir augmenter son impact et porter son projet” complète Sarah Alby. L’Académie leur offre un terrain d’expérimentation pour prendre la parole, tester des idées, donner vie à des ambitions communes.

Selon la directrice, chacun peut être un acteur de l’Académie du Climat : “La définition d’actrices et acteurs est assez large, c’est toute personne qui souhaite agir dans l’espace qui est le sien, et sous la forme qui est la sienne. Pour certains, c’est par la transmission des savoirs, pour d’autres, c’est des actions militantes, et pour d’autres encore, c’est en construisant des solutions pour répondre aux enjeux de la transition”

… et pour l’écologie 

Au-delà de la sensibilisation, l’Académie du Climat assume une ambition claire : former une génération capable d’agir face aux crises écologiques. Il ne s’agit pas seulement de comprendre les enjeux du réchauffement climatique, mais de transformer les connaissances en pouvoir d’agir, en passant par des projets concrets. Ici, pas de discours technocratique : on expérimente, on débat, on fabrique, on se trompe parfois mais on avance, ensemble.

Et dans une société où l'urgence climatique et les questions écologiques sont des thèmes plus que jamais centraux, l’Académie du Climat veut aussi apporter sa pierre à l’édifice en rassemblant “des actrices et acteurs qui souhaitent parler du même sujet en gardant leur identité” afin de travailler sur une problématique et “apporter aux différents publics une façon de comprendre ce qu’il se passe et de trouver des solutions.”

Du 24 au 25 mai 2025, l’évènement Week-end des Possibles a pour objectif de sensibiliser et motiver la jeunesse, favoriser l’action collective et donner aux citoyens les outils nécessaires pour contrer ces reculs climatiques. Pour Sarah Alby, l’enjeu est clair : “proposer un moment collectif et ouvert dans lequel de plein de façons différentes, on va se poser la question du backlash écologique et démocratique. C’est aussi une façon de faire une forme d’introspection, de se poser un constat commun, et surtout de se dire comment on continue à porter collectivement une autre vision de la société”. En quelques années seulement, l’Académie du Climat s’est imposée comme un acteur central de la mobilisation climatique à Paris. Elle propose une autre voie : celle du dialogue, de la pédagogie, et de l’action directe, portée par tous et pour tous.

Le Backlash, kesako ?

Mais pour comprendre cette initiative, il faut comprendre le terme backlash. Il pourrait se traduire par “réaction brutale” ou “contre-coup”, mais il a un contexte bien précis. Il s’agit en fait d’un mouvement de résistance ou de retour en arrière par rapport à des avancées sociales ou politiques, et ce backlash écologique évoqué lors de cet évènement se réfère à toutes les oppositions ouvertes ou insidieuses à la transition environnementale : désinformation climatique, moqueries sur les écologistes, recul de politiques publiques, ou encore criminalisation de l'activisme.

L'événement Week-end des Possibles souligne ainsi la nécessité de renforcer les alliances entre les acteurs de la transition écologique, de diversifier les récits et de promouvoir une écologie inclusive et solidaire. Face aux résistances croissantes, il est essentiel de construire une réponse collective, ancrée dans les territoires et les réalités sociales, pour faire face aux défis écologiques et démocratiques du XXIᵉ siècle. Sarah Alby n’est d’ailleurs pas inquiète pour l’avenir de l’Académie : “A titre personnel, j’ai l’intime conviction qu’au regard de tout le travail collectif qu’on a pu faire avec plein de gens, des acteurs institutionnels, des militants, des jeunes, des vieux, il n’y a pas de raison de mettre fin à un projet qui a une vraie force et un vrai sens de l'intérêt général et qui permet à plein de gens de mieux fonctionner, de mieux agir pour ce projet.”

L'Académie du Climat, en tant que lieu de réflexion, de rencontre et d'action, continue de jouer un rôle central dans cette dynamique, en proposant des espaces de débat, de formation et de mobilisation pour tous les publics.