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COP1 : L'entraide par et pour les étudiants

Dernière mise à jour : 5 déc. 2023

Chez Cop1, bénévoles et bénéficiaires étudiants se confondent pour créer un cercle vertueux contre la précarité. Plus que de l’aide alimentaire ou administrative, ces étudiants bénévoles y trouvent du soutien émotionnel.


Reportage de Angélina Mensah pour le texte et les photos et de Chloé Denis pour la vidéo



Les étudiants sautent un repas sur deux par manque d'argent et 46 % d'entre-eux craignent de tomber dans la pauvreté. Notre reporter vidéo, Chloé Denis, s'est rendu à une distribution d'aide alimentaire organisée par l'association COP1



Le reportage et les photos de Angélina Mensah


C'est la rentrée chez Cop1. Tous les samedis devant l’Académie du climat à Paris, une longue file longe le bâtiment. Des jeunes, venus seuls ou en petits groupes, parlent entre eux. On les entend parler français, arabe, swahili ou hindi. Les locaux ralentissent : “C’est pour une conférence ?” s’interroge une retraitée qui promène son chien. “Pas du tout ! C’est une distribution alimentaire pour les étudiants”, sourit Amel en faisant entrer les premiers bénéficiaires. Amel, étudiante en licence de droit, a rejoint l’association l’année dernière.


Créée en août 2020 par des étudiants de Paris 1, l’association Cop1 est née en réaction à la crise de Covid-19. La crise a été un révélateur de la précarité étudiante : difficultés financières et matérielles, détresse psychologique... Face à la détérioration de la situation des étudiants en France et la montée de la précarité, Cop1 s'attaque à la précarité étudiante. En plus des distributions de denrées alimentaires, l’association agit au niveau de l’accès aux droits et met à disposition des vêtements et des protections hygiéniques.


La popularité de Cop1 a explosé ces derniers mois, grâce aux réseaux sociaux et au bouche à oreille. C’est plus de 13 000 étudiants par mois qui sont aujourd’hui aidés par l’association. En fonction du nombre de bénéficiaires par ville, les distributions ont lieu entre 1 et 5 fois par semaine. Cop1 offre également un accès à des soins gratuits, de l’aide au logement, ainsi qu’un soutien administratif et juridique. Avec plus de 14 antennes réparties dans les grandes villes étudiantes de France, l'association continue de se développer.


En effet, il y a une très grande demande de la part des étudiants, qui a encore augmenté avec la fin du confinement. L’étude que l’IFOP a réalisée pour Cop1 en 2023, montre que 3⁄4 des étudiants ont déjà modifié leurs habitudes de consommation du fait de l'inflation. Une fois le logement payé, il ne leur reste que 50 euros en poche. Les étudiants limitent leurs sorties, les achats de vêtements et de produits d'hygiène. Plus de 46% d'entre eux sautent régulièrement un repas. L’Unef, qui a sorti au mois d'août son enquête sur le coût de la vie étudiante, ajoute que l’inflation représente plus de 595 euros de dépenses supplémentaires par an.


Une amie d’Amel qui était en service civique à Cop1, l’a encouragée à devenir bénévole. “Je n'ai jamais subi la précarité, mais la cause m’a touchée et j'avais envie de me sentir utile, surtout auprès des plus vulnérables.” Elle qui n’avait aucune expérience en bénévolat n’a qu’un seul regret, ne pas avoir commencé plus tôt. “Je décompresse après les cours et en plus je fais une bonne action avec mes copains”, s'exclame-t-elle en soulevant un carton.


À l'intérieur, c’est la fin de la mise en place. Les services civiques accueillent les premiers bénéficiaires. Mais le plus important manque encore : la musique. Après un débat enflammé, le choix se fait sur une playlist d'Aya Nakamura et les premières notes de Djadja signalent le début de la distribution.



Difficile de différencier les bénévoles et les bénéficiaires. Hormis le côté de la table sur laquelle ils se trouvent, la seule distinction est le t-shirt de l’association, avec une poignée de main brodée au niveau du cœur, le logo de Cop1. Les étudiants récupèrent des légumes frais, des conserves, des protéines animales, des plats préparés et même des produits d'hygiène. Pour finir, une petite douceur : croissant ou pain au chocolat.


Un peu plus loin, avachis sur un canapé, Lucas et Vickram sont épuisés. Ces deux bénévoles du pôle logistique se sont levés tôt pour acheminer toutes les denrées jusqu'au site de distribution.


Cop1 m’apporte beaucoup. Je suis en master de transport logistique. Le bénévolat c’est un moyen de gagner de l’expérience sans la pression du monde professionnel”, reconnaît Vickram. “Mais ce qui me fait rester, c’est les expériences touchantes avec des bénéficiaires. Je parle tamoul et j’avais un lien fort avec des étudiants Indiens qui venaient toutes les semaines.”


Lucas, adossé à Vickram, acquiesce : “Le bénévolat m'a permis de toucher un peu à tout. J’ai appris à me connaître et ça m'a guidé dans mes études.” La bonne ambiance et l’esprit bienveillant au sein de l'association l’ont poussé à s‘investir. “Mes amis rencontrés à Cop1 m'ont soutenu quand j’ai eu des problèmes personnels. Nous sommes tous là les uns pour les autres.”


Comme Lucas, Milou fait partie des bénévoles qui ont d'abord été bénéficiaires. Aujourd'hui, cette étudiante en histoire des arts continue d'être aidée par Cop1. A la fin des distributions, elle et quelques autres récupèrent les restes. “Je peux finir la semaine avec tout ça”, murmure-t-elle en fermant son sac qui déborde de petits pois en conserve. “J’adore cette asso mais j’espère qu’un jour on n'aura plus besoin de Cop1 !”


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