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Un match de basket avec des recruteurs pour trouver un job

Un job dating insolite était organisé, mercredi 13 décembre, au club de basketball Hoops Factory, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Il n’y avait pas d’entretien d’embauche pour les 40 jeunes déscolarisés venus chercher un stage, une alternance ou un emploi, mais bien un tournoi de basket face à 20 recruteurs conviés par une association d’aide à l’insertion des jeunes par le sport.


Reportage et photos Emma Launé-Téreygeol


Au club de basketball Hoops Factory à Aubervilliers, des jeunes se font briefer par un coach avant le tournoi face aux recruteurs


« C’est bien ici, le job dating ? », s’interroge Patrick Nitu, 24 ans, étudiant en management, grand comme un basketteur professionnel, habillé en jogging noir. Dans le club de basketball Hoops Factory, rue Pierre Larousse à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, l’étudiant rejoint la vingtaine de jeunes déjà présents sur le terrain pour s’échauffer. Autour d’eux, des professionnels en maillot s’entraînent sans leur prêter attention. Mercredi 13 décembre, un tournoi de basket original est organisé. « Notre objectif, c’est de promouvoir l'insertion par le sport », explique Aurélien Gabdou Baroa, vice-président de l’association UNDRTD (Underrated sport, ou en français « sport sous-côté »), qui organise l’événement et promeut l’émancipation par le sport. Âgés de 16 à 25 ans, déscolarisés ou sans activité, 40 jeunes se sont ainsi inscrits pour un « job dating sportif » par l’intermédiaire de la mission locale de Paris, qui a parrainé l’événement. Le but est que ces jeunes prennent contact avec des recruteurs de tout horizon, en disputant un match de basket contre eux, avec, à la clé, si le courant passe bien, un stage, une alternance ou un emploi.


« Ça fait un an et demi que je cherche une alternance »

Les organisateurs du tournoi soutiennent l’inclusion des jeunes des quartiers défavorisés, souvent en difficulté pour s’insérer sur le marché de l’emploi. « Ça fait un an et demi que je cherche une alternance, j’espère trouver quelque chose ici. C’est intéressant de se rencontrer dans un cadre différent de celui de l’entretien d’embauche », explique Patrick Nitu, qui s’entraîne à dribbler avant le tournoi.

« C’est original, c’est la première fois que je vois ça », s’exclame Imrabe, qui n’a pas voulu donner son nom, 23 ans, à la recherche d’une formation de gestionnaire de paie. « Je n’avais même pas remarqué les recruteurs parmi les joueurs sur le terrain », poursuit-il en saisissant un ballon au vol. Zaiti Dgilali, 35 ans, référent pour la mission locale de Paris, s’en amuse depuis le banc de touche. « C’est une bonne chose qu’on ne sache pas qui est le recruteur et qui est le demandeur d’emploi. On met aussi en avant des choses qu'on ne montre pas forcément en entretien », observe-t-il.


Les jeunes s’échauffent ensemble pour apprendre à se connaître


L’association UNDRTD promeut la mise en avant des « soft skills », les qualités relationnelles, personnelles ou encore l’esprit d’équipe, de plus en plus valorisées dans le monde du travail, mais plus difficiles à montrer lors d’un entretien d’embauche classique. Un jeune homme en jogging noir donne des conseils à un autre participant pour mieux réussir ses paniers. D’autres n’hésitent pas à se passer la balle pour être sûrs que tout le monde puisse s’entraîner à tirer. Les recruteurs enfilent leur maillot avec enthousiasme. « On fonctionne plus au feeling, on appréhende la personnalité de la personne, on cherche à aller au-delà de l’expérience et des diplômes », explique Arianny Guzmann, 20 ans, community manager chez Kunto, une application qui développe des programmes sportifs en ligne pour les personnes en situation de handicap.

« J'apprends à les connaître en jouant avec eux. A la fin, je vais peut-être leur proposer de faire la même formation que moi », renchérit Fofana Moussa, 23 ans, en formation pour être coach sportif.


« J'apprends à les connaître en jouant avec eux. A la fin, je vais peut-être leur proposer de faire la même formation que moi »

Le match débute, et les jeunes n’hésitent pas à aller au contact des recruteurs. Aurélien Gabdou Baroa est confiant. La première édition avait déjà rencontré beaucoup de succès en 2022. « L’année dernière, deux participants ont eu une alternance, sept ont été pris en stage, et trois ont eu des opportunités d’immersion dans les entreprises qui ne pouvaient pas recruter », détaille-t-il. « Au moins la moitié d’entre eux va ressortir avec une offre, car ils sont prêts à

l’emploi », s’enthousiasme Evangélis Lemmonier, 29 ans, membre de la mission locale de Paris. Après le premier match du tournoi, Arianny Guzmann interpelle Patrick Nitu. « Tu cherches une alternance ? Tu as un CV avec toi ? » Elle recherche un chargé de communication pour Kunto, lui souhaite travailler dans l’événementiel sportif. Le courant semble bien passer.


Le job dating du club Hoops Factory a bénéficié du soutien du Plan régional d’insertion pour la jeunesse (PRIJ), déployé par le préfet de la région d’Île-de-France depuis 2018. Ce dispositif, appuyé par la mission locale, vise notamment à promouvoir l’insertion sociale et professionnelle des jeunes des quartiers prioritaires, deux fois plus touchés par le chômage que les jeunes des autres quartiers, selon l’Observatoire de la jeunesse, du sport, de la vie associative et de l’éducation populaire. D’après l’INSEE, le département de la Seine-Saint-Denis concentrait effectivement 20 % des 16-25 ans d’Île-de-France qui n’étaient ni en études, ni en emploi ni en formation en 2019, une dynamique qu’Underrated Sport espère casser grâce à des initiatives relativisant la fatalité des freins à l’emploi.


Aurélien Gabdou Baroa, vice-président de l’association Underrated sport, présente le projet « Young boss » destiné à promouvoir l’insertion professionnelle par le sport aux jeunes joueurs venus pour le job dating


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