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"L’optimisme à toute épreuve" de Caroline de Haas dans son plaidoyer pour une rentrée féministe

Les 2 et 3 septembre 2023, la directrice associée du groupe Egaé, faisait sa rentrée en collaboration avec plusieurs autres organisations à la Cité fertile (Pantin). Elle dénonce un monde universitaire encore trop masculin, avec 11 présidentes pour 73 universités en France, mais reste néanmoins optimiste.


Article de Danaé Moyano-Rodriguez



Crédit photo : Danaé Moyano-Rodriguez


Sur les 73 universités françaises, seules 11 d’entre elles sont présidées par des femmes. "Cela représente 15%, soit le même chiffre qu’en… 2008 ! Donc non, les choses n’ont pas tant changé que ça." C’est ainsi que, face à un public jeune et majoritairement féminin, Caroline de Haas, militante féministe et directrice associée du groupe Egaé, ouvre ce premier weekend d’intégration féministe. Pour rendre son discours plus concret, la militante féministe se met à la place d’une présidente d’université. Quelles mesures prendrait-elle si elle était nommée à la tête d’une université française ?


Pour commencer, ce simple rappel : les président.es d’université sont tenu.es d’une obligation de sécurité envers les étudiant.es accueilli.es dans leurs établissements. Cela concerne à la fois leur sécurité physique, mais aussi mentale. Caroline de Haas demande alors au public de s’imaginer dans un réunion de rentrée pendant laquelle iels lèveraient la main pour demander “où en est l’université dans l’application du décret n° 2020-256 du 13 mars 2020 relatif au dispositif de signalement des actes de violence, de discrimination, de harcèlement et d'agissements sexistes?” L’objectif est simple, montrer que connaître la loi fait tout de suite plus sérieux. Alors qu’on a souvent du mal à se faire entendre lorsqu’on signale un acte de violence ou de discrimination, elle démontre que la loi est en fait beaucoup plus ambitieuse que ce qu’on ne l'imagine. Si elle était appliquée, nous dit Caroline de Haas, "il n’y aurait pas besoin d’organiser un weekend féministe pour préparer la rentrée".


Il est important de connaître la loi parce qu’on a encore tendance à croire que les actes de violence sont moins graves ce qu’ils ne le sont vraiment. "Bien nommer les choses permet de mieux les qualifier" ajoute-t-elle rappelant les textes de loi :

  • l’exhibition sexuelle est un délit ;

  • le harcèlement sexuel est le fait d'imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste qui portent atteinte à sa dignité ;

  • un outrage sexiste consiste à imposer à une personne un propos ou un comportement à connotation sexiste ou sexuelle, qui porte atteinte à sa dignité ;

  • une main aux fesses est une aggression ;

  • une tentative de viol est un crime.

De nombreux exemples tirés de cas réels traités par le groupe Egaé lui permettent d’illustrer ses propos, sans oublier le cas du ministre de la Justice, Eric Dupont-Moretti, ayant tout récemment commis un outrage sexiste lorsque, en s’adressant à des journalistes, il dit, “Je constate que parmi les journalistes femmes qui m'ont interrogé, personne n'était devant moi les seins nus. ll ne faisait pas assez chaud?”


Des propos inappropriés condamnés par les Sociétés des journalistes de plusieurs médias

Éric Dupont-Moretti s’était rendu à Aurillac suite à des manifestations où de nombreuses femmes s’étaient réunies pour apporter leur soutien à Marina, poursuivie car elle se promenait torse nu dans la ville. Interpellée par la police, Marina aurait déclaré avoir “hyper chaud” et avoir voulu faire “comme la moitié des hommes”. D’où la remarque du ministre de la Justice.

Ces propos ont été condamnés par les SDJ de plusieurs médias dont BFMTV, LCI et TF1


Il est important de bien nommer les choses, d’une part, mais il faut aussi, selon elle, mieux connaître la réalité de son université. Elle insiste sur le besoin de réaliser des sondages de qualité qui permettent de mesurer la réalité de ce que vivent les étudiant.es sur les campus mais aussi sur l’exigence de bien communiquer sur ceux-ci pour que l’ensemble du corps étudiant en ait accès.


Que faire face à un tel constat ? Pour commencer, appliquer la loi. Mais aussi former les personnels et les étudiant.es pour faire bouger les consciences. Mais également, communiquer correctement. Et pour aller plus loin, mettre en place une cellule dédiée avec des spécialistes et un budget afin de recueillir la parole dans des bonnes conditions et surtout enquêter. Caroline de Haas est ensuite questionnée par plusieurs personnes dans le public qui lui demandent comment faire lorsqu'on signale une violence et que l'on n'est pas cru. Elle insiste alors dans sa réponse sur l’importance de l’enquête.


Elle conclut en affirmant que pour construire une “environnement à l’abri des violences sexistes et sexuelles”, il faut y mettre de la vraie volonté politique, à la fois de la part des président.es d’université mais aussi de la part du ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, et des moyens financiers, mais surtout humains.


Le jeu de rôle était réussi et engageant. Le public intéressé et attentif. Dommage qu’encore une fois le public soit majoritairement féminin comme si la charge de connaître la loi et de savoir identifier les différentes formes de violence et de discrimination était encore, et toujours, réservée aux femmes.


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